LES ESPACES BLANCS

Ci-dessus : SOMNUS – Acrylique et papier de soie – Collage sur toile – 40×50 cm

Ici sont les parenthèses du réel dans lesquelles il me plaît de me réfugier.

Il y a beaucoup à dire et à explorer sur le sommeil, cet état si particulier qui nous ressource, mais aussi nous tourmente. Pour ma part, c’est une porte que je referme volontiers entre le monde et moi. Le monde tel qu’il est aujourd’hui, auquel le sommeil, en tous cas le mien, oppose une infinité d’autres, et dans lesquels je ne suis jamais enfermée. Une complexité bien supérieure à ma phase d’éveil, telle, qu’elle échappe encore et de très loin à une dissection scientifique ou philosophique et ceci est salvateur. Un tiers de nos vies selon les experts. Un tiers où tout est possible, envisageable et sans conséquence autre de ce que j’en ramène et que j’en garde, un tiers rien qu’à moi, l’intimité ultime.

Observer le sommeil de l’autre c’est vraiment admettre de rester à la surface du sujet, planté sur le seuil. Bien sûr, il y a cette vulnérabilité certaine du corps qu’on a abandonné sur place, c’est un peu dérangeant mais il faut voyager léger.

Dormir et s’affranchir de tout, sans regret, ni culpabilité, sans sentiment de perte alors que, sait-on jamais, rien ne nous garantit d’en revenir.

J ‘aime les espaces blancs où personne ne peut me suivre. 

INSOMNIA - Argile - 22x27x4 cm -

 

 

 

 

Mes nuits sont des promenades froidement éclairées par la lune. Minuit est un passage pour l’esprit qui s’embrume. Qui croit ne pas dormir, pense, qui croit dormir rêve.

ONEIROI - Assemblage - Argile, métal, textile, plume - 16.7x22x4 cm

Dans la mythologie grecque, les Oneiroi , «  Songes « , sont des divinités personnifiant les rêves.

« Parmi ses mille enfants, le sommeil choisit Morphée habile à revêtir la forme et les traits des mortels. Nul ne sait mieux que lui prendre leur figure, leur démarche, leur langage, leurs habits, leurs discours familiers. Mais de l’homme seulement Morphée représente l’image. Un autre imite les quadrupèdes, les oiseaux et les serpents (…). Les dieux le nomme Icélos, les mortels Phobétor. Un troisième, c’est Phantasos, emploie des prestiges différents.Il se change en terre, en pierre, en onde, en arbre; il occupe tous les objets qui sont privés de vie. Ces trois Songes, voltigent, pendant la nuit, dans le palais des rois, sous les lambris des grands ; les autres, Songes subalternes, visitent la demeure des vulgaires mortels. »              

— (XI, 633-646 ; trad. GT Villenave)

PRIMA NOCTE - Acrylique et papier de soie - Collage sur toile - 50x40 cm
POST MERIDIEM - Acrylique et papier de soie - Collage sur toile - 50x40 cm

L’échappée paresseuse posée sur une carte postale,Du soleil, tempéré par un souffle frais, importé de la côte, traversant la campagne.L’ombre incertaine dessinée sur la pierre, esquissée sur la peau. Des chants d’insectes , sûrement, une hypnose tacitement consentie jusqu’àl’endormissement. Juste en dessous de la ligne de flottaison de la conscience.

Facile, égoïste et délicieuse sieste.

L'IDEAL - Acrylique et papier de soie - Collage sur toile -40x50 cm
LA SOUCHE - Argile - 16.7x22x4 cm
MAFDET et LE LEOPARD - Acrylique, feutre, papier de soie- Collage sur toile - 40x50 cm

Si lasse… silence et prends repos dans l’espace blanc,que tes colères et ta violence soient apaisées, pour le moment.

LE CHEVAL BLANC - Acrylique, crayon et papier de soie - Collage sur toile - 440x50 cm
NUIT NOIRE - Argile - 16.7x2x4cm
Des NUEES de SENS - Acrylique et papier de soie - Collage sur toile - 40x60 cm

Ferme les yeux, reste conscient. Trop de colère et de bruit, trop de misère et d’ennui, tu dors … tu fuis. Repose-toi des autres et de toi-même. Sonde, perds-toi sans illusion. Flotte, vole, rêve,  laisse-toi porter, construis sur des nuages, et marche tranquille.

Le vent est doux, le pied léger. Le théâtre se vide et personne à la ronde, ni dans les rues, rien dans la cité. C’est l’entre-deux heures, de ta vie si courte, semblable à toutes et à nulle autre      pareille. Flotte, âme , navigue et moissonne, nourris-toi dans l’éther, envisage des merveilles, sans douleur, ni souffrance, aucun prix à payer.

Et reviens, reviens vers tes déceptions, tes bonheurs fugaces, tes ambitions vaines et tes euphories passagères.

Il n’y aura pas de douceur, ni de répit à ton réveil. Vois, et vis…mais quelle est ta vie rêvée ?

BEAUX DRAPS - Acrylique et papier de soie - Collage sur toile - 40x50 cm

Voilà que le sommeil te prends et non pas l’inverse. Tu n’as rien décidé, à part rejoindre tes draps et d’y reposer ton corps. Aussi lent que ton souffle, il se glisse sous les toiles et enfin doucement, à mi-course de ta perte de conscience, il te laisse flottante au milieu de nulle part dans un brouillard gris et blanc. Embarquée dans ce vide tu choisis, de façon imprécise, d’esquisser une histoire à peu près réaliste. Une image transparente, un calque qui se dissout , remplacé par un autre plus flatteur ou plus doux. Retiens ce geste, ce mot indistinct, cette impression fugace. Ce n’est pas de cela dont tu te souviendras demain. T’en souviendras-tu d’ailleurs de ta virée nocturne ou de ta sieste impromptue ?

NARCOSE - Argile et papier de soi- 16,5x22x4 cm

 

 

 

Trouver la paix par des chemins artificiels pour les agités, les tourmentés, prisonniers de la veille.

J’aime aller construire à l’infini sur les sables mouvants du sommeil, être happée et engloutie, sombrer, être en phase, remonter à la surface du réel avec des poignées de réminiscences. Claire et confuse, magnifique étendue protéiforme, bénie et horrifique, sources infinie d’illusions et de vérités.

Dormir.

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